10 Juin 1736, Archipel du Kraken
Voilà maintenant 240 jours et 240 nuits que nous avons pris la mer à bord de la Bonne aventure. Le capitaine Pillard semble obstiné à trouver le trésor de ce fichu Ponce de Leon, mais une brise macabre me fait penser que nous ferions mieux de faire demi-tour. Alors que nous avons quitté, il y a maintenant trois lunes, le port de l’espérance, la folie gagne peu à peu l’équipage. Certains jouent aux cartes avec des dés, d’autres aux dés avec des cartes.
Le capitaine ne sort plus de sa cabine, et nous recevons des ordres uniquement de la part du quartier-maître, ce dernier enivré de rhum du soir au matin. Il fête la future vie de richesse qui l’attend, dit-il. Puisse-t-il dire vrai.
Maudit, sois-tu, Ponce de Léon, satané conquistador ayant vécu 200 ans plus tôt. Puisse ton âme brûler en enfer de nous faire subir un tel voyage loin de nos familles.
15 Juin 1712, îles des plaines de feu
Je n’y croyais plus, mais il semblerait qu’une bonne étoile guide le capitaine. Nous voilà arrivés, et devant nous, l’épave du Santiago, le navire de Ponce de Leon. Cependant, des voix se font entendre. Certains disent que c’est le rhum, d’autres que c’est la folie. Je ne suis ni ivre, ni fou, et pourtant, je les entends :
” Vous serez piégés à tout jamais par la malédiction de la fontaine de jouvence . Vos âmes seront miennes pour l’éternité. À minuit, il sera trop tard. “
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